13.7.14

Cher CDI

Cher, très cher CDI, 

Ca fait longtemps que je t'attend. Il paraîtrait que tu te fais rare, mais je suis persuadée que tu finiras par pointer le bout de ton nez. 
C'est pas faute d'essayer, de s'acharner, de tenter, re-tenter, passer des diplômes, acquérir des points d'XP, reprendre les cours, accumuler les petits boulots, les tentatives, tu n'es jamais le bon. 

Jouer à cache-cache, c'est cool quand on a 8 ans, mais là, passé l'année qui suit les 24 ans, je pense qu'il est un peu tard pour continuer les jeux d'enfants.
Plus rare que le prince Charmant, tu es mieux planqué que le dahut, et plus difficile à trouver qu'une licorne sur la banquise.
Après, on ne peut pas vraiment t'en vouloir, c'est difficile d'être pointé du doigt et traqué à longueur de journée. C'est ça d'être une star que tout le monde convoite.

Je sais aussi que le contexte économique dans lequel se trouve actuellement notre pays fait de toi un être côté en bourse, et que tu deviens de plus en plus faible et insignifiant, bientôt une pièce de musée. Difficile de vieillir, d'autant que ta retraite dorée s'éloigne de jour en jour, et que tu ne seras plus qu'un vague souvenir évoqué dans les livres d'histoire de la géopolitique française dans les classes de lycée d'ici quelques années.
Tu ne seras bien réel que pour ceux qui sont dans les petits papiers de certaines personnes de la"haute", ceux qui dirigent, et uniquement réservés aux en***és qui détruisent la carrière et les rêves des autres pour parvenir à leurs fins. Ah non, c'est déjà le cas pardon ! Plus de respect de la conscience professionnelle, on ne t'embauche plus pour tes compétences mais parce que ta tête est jolie ou que tu es un aspirateur buccal de précision.

Toujours est-il que, - s'il-te-plait-je-t'en-conjure-par-pitié - si toutefois tu pouvais entendre mon appel, et me laisser tes coordonnées pour que je puisse enfin essayer de te demander un entretien d'embauche, ce serait sympa de ta part.

Je te remercie de l'attention que tu voudras bien porter à ma candidature et reste à ta disposition pour un éventuel entretien au cours duquel je pourrais mieux t'expliquer mes motivations, genre une vie bien rangée, plus d'inscription pole-emploi, pouvoir me foutre un crédit sur le dos pour installer une maison et un poulailler dans un coin du jardin, et construire une vie, une vraie avec le prince Charmant (plus facile à trouver que toi, donc.)

Je te laisse, j'ai une file de CDD qui m'attendent dans l'espoir que je les signe.

Et surtout, crois bien en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

MamzelleCox, éternelle chercheuse de contrat de travail


22.3.14

1 an après : La vérité et les conclusions de mes 25kg perdus

Oh miracle, l'inspiration vient de réapparaître. Non pas des suites d'un renforcement de mon égo surdimensionné, mais plutôt d'un ras-le-bol général.

Vous êtes plusieurs à m'avoir demandé, re-demandé, re-re-demandé comment j'avais fait pour perdre tout ça en si peu de temps, comment ça se fait que j'n'ai pas repris, etc

Pourquoi ? Comment ? et surtout, un an après, comment je le vis ?

Tout d'abord, je ne l'ai jamais DÉCIDÉ.

Pourquoi ? 

D'après moi, il n'y a pas eu d'élément déclencheur, sinon un gros coup au moral, une grosse prise de conscience vis à vis de l'état amorphe qu'avait pris ma vie. Mauvaise situation de travail, pire situation de vie privée, et autres mauvais tourments dans ma tête. Un gros malaise pour ainsi dire. Ce qui m'a valu une bonne période de dépression, pour ne rien vous cacher. Mon corps a soudain refusé de garder toute nourriture pendant un certain temps. Je me sentais mal, ne ressentais plus aucune forme de faim, et j'allais jusqu'à me forcer à manger une fois par jour en petite quantité pour ne pas me laisser mourir. Tous les super-symptômes que l'on connaît à l'anorexie sont apparus au fur et à mesure : règles qui n'arrivent plus au moment prévu, épuisement musculaire, nausée à l'approche de nourriture, malaises fréquents réglés par la réhydratation, mal-être inconditionnel... Mais je n'ai pas maigri tout de suite.

Comment ? 

Puis j'ai trouvé un boulot. Un boulot que j'ai aimé, pour lequel je me suis défoncée, et qui m'a ouvert les yeux sur tout le reste. J'ai lâché tout ce qui me stressait au plus profond de moi même, un pacs, une vie de couple, une stabilité. Le moral est revenu, la faim beaucoup moins. Il n'en a pas fallu plus. J'ai perdu rapidement 5, 10, 15, puis 20 kg en l'espace de quatre mois. Mon corps refusait de manger, de dormir, mais mon moral était au beau fixe. Malgré bien entendu le fait que mes finances ne suivaient plus assez pour assumer les tailles qui descendaient. Ces tailles, je les ai perdues de partout. Bras, poitrine, visage, ventre, hanches, jambes.
Il y a eu du mal de fait. Toutes les formes féminines que j'assumais vraiment bien dans le passé avaient disparu. Je ne me reconnaissait plus dans la glace, je l'ai vraiment mal vécu un certain temps. Alors que tout le monde me disait "Olalala, tu as fondu, tu es trop belle, je ne t'avais pas reconnue ! " Je me disais intérieurement que moi non plus. 

Du coup j'ai forcé mon corps à se nourrir. Les kg disparaissaient moins vite, mais continuaient à partir. Je n'ai perdu que 7 kg sur les deux derniers mois... Puis je me suis habituée, et continué à manger. 
Je ne dormais toujours pas, cela dit. On me disait que j'étais un vampire, qu'on ne savait pas à quoi je tournais. J'ai essayé de dormir : calmants, tisanes, jogging pour tenter de finir de m'épuiser, rien n'y faisait. Puis j'ai rencontré un charmant jeune homme qui a apaisé tout ce qui me tourmentait à l'intérieur. Et d'un coup, BLAF ! Des nuits de 4h, 6h, puis de 8h. 

L'ordre est donc revenu dans ma vie. Je ne le remercierais jamais assez, même s'il ne comprend toujours pas pourquoi. Peut être que cet article lui fera comprendre un peu mieux.

Comment je le vis ? 

Je continue à me dire qu'il me manque quelque chose, mais j'essaie de faire le deuil de la grosse que j'étais auparavant. Il y a des jours avec et des jours sans, mais je me dis que physiquement je suis plus passe partout que je ne l'étais, que je suis en meilleure santé maintenant que mon appétit et mon sommeil sont revenus, et mentalement tout va bien mieux, même s'il y a encore des hauts et des bas.
Je reçoit des compliments et des félicitations, même si derrière mon super masque de "Coxii-Sourire" j'ai encore du mal à les avaler. Il me restera toujours dans un coin de ma tête que je n'ai fait que perdre le contrôle de moi même et que mon corps aurait pu lâcher prise si je ne m'étais pas forcée à me nourrir.


A toutes celles qui veulent être "comme toi ma belle" je ne leur souhaiterais jamais de vivre l'enfer qu'a été pour moi cette perte de poids incontrôlée. Mais plutôt d'avoir le contrôle sur elles-même et d'arriver à leurs fins par des moyens plus réels et plus sains.


Votre toute dévouée.

21.1.14

Mémo d'une "Expat'àLyon"

C'est pas facile à prendre, comme décision. Personne n'aime avoir à faire ça, sauf peut être ceux qui n'ont aucune attache vis à vis du lieu où a débuté leur vie. 

Quitter Ce lieu, celui où vous vous sentez chez vous, celui seul où votre coeur s'épanouit. Le quitter pour une bonne raison, ou une moins bonne. Mais toujours est il qu'il est réellement difficile de se dire qu'on laisse notre maison derrière nous, même si on sait pertinemment qu'on y reviendra. Même si sur le coup notre tête nous dit que ce n'est pas sain d'y rester, ou même qu'on en a plus que marre. 

Parce que s'expatrier n'a rien de facile, même si c'est pour partir dans le département d'à côté. Ce n'est pas notre habitat naturel, il y a donc un temps d'adaptation. Surtout que lorsque vous partez, vous laissez tous vos repères derrière vous. Votre famille, vos amis, vos habitudes, votre boulangerie préférée, votre Quartier Général où vous veniez boire un café avec vos copines, le coin d'herbe verte où vous aimiez vous allonger pour réfléchir, les chemins goudronnés où vous aimiez venir courir et oublier.

Une fois parti, et réinstallé, vous devez repartir de zéro. Nouveaux amis, nouveau boulot, nouveau boulanger, nouvelle patrie polluée, ponctuée d'autoroutes et de lignes de métro bondées. Les gens autour de vous sont différents. Très gentils, certes, mais quoi qu'il se passe, ils sont différents. Ils réfléchissent différemment, se comportent étrangement, et n'ont pas du tout les mêmes réactions. 

Mettez deux chats qui ont grandi dans deux maisons différentes (une à la campagne et l'autre en ville, par exemple), ils ne se comporteront pas du tout de la même manière face au même jardin. L'un se sentira peut être à l'aise, l'autre n'osera peut être même pas poser une patte à l'extérieur. Tout est une question d'environnement de base.

Malgré une allure de citadine, si vous avez été élevée dans une famille de paysans, vous ne pourrez pas faire illusion très longtemps. Non pas que nous autres Ardéchois sommes perçus comme des amateurs de canoë ou comme d'étranges créatures bien trop proches de la nature pour être honnêtes par les Citadins Lyonnais, mais quand même, passer du fin fond du trouduculdumonde de la cambrousse à LA VILLE, ça doit nous changer, c'est un peu comme passer du cabanon de jardin à la villa climatisée avec l'électricité et l'eau courante. 

"C'est quoi déjà l'eau courante ? J'suis désolée,  pour moi c'est comme faire découvrir le coca ou internet à un papi de 80 balais."

Enfin Bref. L'adaptation est une qualité inespérée pour arriver à changer de vie. On a beau se dire que c'est une bonne chose pour pouvoir travailler, rencontrer du monde, shoppinguer quand l'envie nous en prend (et quand les finances nous le permettent), mais une chose est sûre, On sait que dès qu'on le pourra, on y retournera pour y crever en paix. Quitte à construire une ferme en bois et en papier au milieu de la forêt et élever des poules et des biquettes pour survivre en autonomie.

Mon Ardèche est mon Pacemaker. Loin des Yeux, près de MON coeur.

Bien à vous, Votre Toute Dévouée.