21.1.14

Mémo d'une "Expat'àLyon"

C'est pas facile à prendre, comme décision. Personne n'aime avoir à faire ça, sauf peut être ceux qui n'ont aucune attache vis à vis du lieu où a débuté leur vie. 

Quitter Ce lieu, celui où vous vous sentez chez vous, celui seul où votre coeur s'épanouit. Le quitter pour une bonne raison, ou une moins bonne. Mais toujours est il qu'il est réellement difficile de se dire qu'on laisse notre maison derrière nous, même si on sait pertinemment qu'on y reviendra. Même si sur le coup notre tête nous dit que ce n'est pas sain d'y rester, ou même qu'on en a plus que marre. 

Parce que s'expatrier n'a rien de facile, même si c'est pour partir dans le département d'à côté. Ce n'est pas notre habitat naturel, il y a donc un temps d'adaptation. Surtout que lorsque vous partez, vous laissez tous vos repères derrière vous. Votre famille, vos amis, vos habitudes, votre boulangerie préférée, votre Quartier Général où vous veniez boire un café avec vos copines, le coin d'herbe verte où vous aimiez vous allonger pour réfléchir, les chemins goudronnés où vous aimiez venir courir et oublier.

Une fois parti, et réinstallé, vous devez repartir de zéro. Nouveaux amis, nouveau boulot, nouveau boulanger, nouvelle patrie polluée, ponctuée d'autoroutes et de lignes de métro bondées. Les gens autour de vous sont différents. Très gentils, certes, mais quoi qu'il se passe, ils sont différents. Ils réfléchissent différemment, se comportent étrangement, et n'ont pas du tout les mêmes réactions. 

Mettez deux chats qui ont grandi dans deux maisons différentes (une à la campagne et l'autre en ville, par exemple), ils ne se comporteront pas du tout de la même manière face au même jardin. L'un se sentira peut être à l'aise, l'autre n'osera peut être même pas poser une patte à l'extérieur. Tout est une question d'environnement de base.

Malgré une allure de citadine, si vous avez été élevée dans une famille de paysans, vous ne pourrez pas faire illusion très longtemps. Non pas que nous autres Ardéchois sommes perçus comme des amateurs de canoë ou comme d'étranges créatures bien trop proches de la nature pour être honnêtes par les Citadins Lyonnais, mais quand même, passer du fin fond du trouduculdumonde de la cambrousse à LA VILLE, ça doit nous changer, c'est un peu comme passer du cabanon de jardin à la villa climatisée avec l'électricité et l'eau courante. 

"C'est quoi déjà l'eau courante ? J'suis désolée,  pour moi c'est comme faire découvrir le coca ou internet à un papi de 80 balais."

Enfin Bref. L'adaptation est une qualité inespérée pour arriver à changer de vie. On a beau se dire que c'est une bonne chose pour pouvoir travailler, rencontrer du monde, shoppinguer quand l'envie nous en prend (et quand les finances nous le permettent), mais une chose est sûre, On sait que dès qu'on le pourra, on y retournera pour y crever en paix. Quitte à construire une ferme en bois et en papier au milieu de la forêt et élever des poules et des biquettes pour survivre en autonomie.

Mon Ardèche est mon Pacemaker. Loin des Yeux, près de MON coeur.

Bien à vous, Votre Toute Dévouée.